Le Phénomène / le rapport COMETA (France, 1999)

Le rapport COMETA : quand des généraux français lèvent le voile sur les ovnis


✦ Un document hors norme

En 1999, un document inattendu surgit dans le paysage politico-militaire français : le rapport COMETA. Publié dans la revue VSD et remis au président de la République Jacques Chirac ainsi qu’au Premier ministre Lionel Jospin, ce texte marque une étape majeure dans l’étude officielle du phénomène OVNI en France. Il ne s’agit pas d’un rapport de journalistes sensationnalistes ni d’ufologues amateurs, mais d’un travail conduit par des anciens officiers généraux de l’Armée de l’air, de l’Armée de terre, de la Gendarmerie nationale, ainsi que des experts de haut niveau issus du CNES et de la Délégation générale pour l’armement.

Réuni sous l’acronyme COMETA (Comité d’Études Approfondies), ce groupe de réflexion a bénéficié d’un accès privilégié aux travaux du SEPRA (ancien GEIPAN), service du CNES chargé des phénomènes aérospatiaux non identifiés.

Leur ambition : dresser un état des lieux lucide, étayé et stratégique sur les objets volants non identifiés, à destination des plus hautes autorités de l’État.

✦ Le constat d’une réalité insaisissable

Le premier apport du rapport est d’établir clairement que le phénomène est réel. Sur des milliers d’observations étudiées par le CNES, la grande majorité s’explique par des confusions astronomiques, météorologiques ou techniques. Mais un noyau dur persiste : 5 à 10 % des cas demeurent inexpliqués, malgré des enquêtes rigoureuses.

Ces cas présentent des constantes troublantes :

➣ des accélérations fulgurantes défiant l’inertie connue
➣ des vitesses extrêmes sans bang supersonique
➣ une absence de bruit moteur
➣ des trajectoires impossibles pour nos aéronefs
➣ des effets électromagnétiques mesurés (pannes moteurs, perturbations radar)
➣ des témoins hautement qualifiés, comme des pilotes de chasse, des contrôleurs aériens ou des gendarmes.

Le COMETA rejette l’hypothèse d’hallucinations collectives ou de simples illusions. De tels comportements physiques, observés par des capteurs multiples (radar + visuel) et confirmés par des professionnels entraînés, appellent une explication radicalement différente.

✦ L’épreuve des hypothèses

Le cœur du rapport réside dans l’évaluation des hypothèses.

Phénomènes psychologiques ou sociologiques : jugés incapables de rendre compte des cas les mieux documentés.

Prototypes secrets d’origine terrestre : si certains engins expérimentaux (comme l’américain Aurora) ont pu générer des rumeurs, aucune puissance terrestre ne maîtrise des performances aussi inaccessibles, et certainement pas depuis les années 1950.

Phénomènes naturels encore inconnus : envisageables, mais les trajectoires cohérentes et l’intelligence apparente du phénomène les rendent peu crédibles comme explication unique.

Hypothèse extraterrestre : présentée comme “la plus rationnelle” pour rendre compte de l’ensemble des données. Non pas une preuve, mais une hypothèse logique au vu des performances observées.

Cette conclusion n’est pas livrée comme une révélation sensationnelle mais comme une démonstration raisonnée, fruit de comparaisons et d’exclusions méthodiques.

✦ Enjeux stratégiques et sécuritaires

Au-delà de la curiosité scientifique, le rapport souligne des risques concrets.

Sur le plan aérien, des intrusions non identifiées constituent une menace potentielle pour la sécurité des vols civils et militaires.

Sur le plan défensif, la capacité de ces engins à pénétrer l’espace aérien sans interception possible révèle une vulnérabilité stratégique majeure.

Sur le plan géopolitique, le COMETA insiste sur l’avance des États-Unis, qui mènent des programmes classifiés et entretiennent une opacité volontaire, laissant l’Europe dans une posture attentiste.

Le rapport propose ainsi une lecture pragmatique : même sans certitude sur l’origine du phénomène, l’absence de préparation politique et militaire pourrait constituer un handicap lourd en cas de révélation ou de contact.

✦ Les recommandations du COMETA

Loin de se contenter d’un constat, les auteurs avancent des propositions précises :

  1. Renforcer le GEIPAN (alors limité en moyens) afin d’assurer une collecte et une analyse systématique des données.
  2. Développer une coopération internationale, notamment européenne, pour ne pas laisser les États-Unis monopoliser les recherches et les stratégies.
  3. Anticiper les implications d’un éventuel contact : préparation politique, juridique, culturelle.
  4. Explorer les retombées scientifiques et technologiques que pourrait offrir la compréhension de ces phénomènes.

Ces recommandations visent à inscrire le sujet dans une perspective de veille stratégique et de souveraineté, au-delà de la fascination populaire.


✦ Un texte qui fait toujours autorité

Près d’un quart de siècle après sa publication, le rapport COMETA conserve une valeur unique. Rare document officiel à affirmer la plausibilité d’une origine extraterrestre, il reste cité dans les débats contemporains sur les OVNI/UAP (Unidentified Aerial Phenomena). Sa force tient à son ton : ni sensationnaliste ni complotiste, mais mesuré, militaire, pragmatique.

En France, il a contribué à crédibiliser l’action du GEIPAN mais pas à nourrir une réflexion institutionnelle, ni à faire changer le débat ou le tabou.
À l’international, il s’inscrit dans une lignée de rapports gouvernementaux qui, depuis les années 2000, convergent vers une reconnaissance : le phénomène est bien là, il échappe encore à nos explications, et il mérite une investigation de haut niveau.


✦ Un changement de paradigme latent

Le rapport COMETA marque un tournant : il introduit la possibilité que nous soyons confrontés à une altérité technologique non humaine, sans jamais céder à l’excès ni à la spéculation gratuite. Ce faisant, il ouvre un champ vertigineux, à la fois scientifique, stratégique et philosophique.

À l’heure où les États-Unis multiplient les auditions publiques sur les UAP, où le Pentagone reconnaît l’existence d’objets aux comportements inexplicables, le texte français de 1999 apparaît presque prophétique.
Il rappelle qu’anticiper l’inattendu est un devoir d’État — et qu’en matière d’OVNIs, l’inattendu pourrait bien devenir la nouvelle norme.



Sources :

Le rapport est disponible en ligne sur le site officiel du GEIPAN :
𒆖 Consulter (PDF)

La rapport COMETA a été suivi en 2003 de la publication d'un ouvrage intitulé 
Les OVNI et la Défense : À quoi devons-nous nous préparer
Paris, Éditions du Rocher, 2003, 221 p. (ISBN 2-268-04592-7).
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