Le Phénomène / La légitimité stratégique du secret
Le 17 janvier 1961, Dwight D. Eisenhower prononçait son discours d’adieu à la nation américaine. Celui qui fut général victorieux de la Seconde Guerre mondiale mettait en garde contre l’ascension d’un nouveau pouvoir : le complexe militaro-industriel. Il voyait déjà poindre le risque que l’alliance de l’armée, des industries de l’armement et des élites technoscientifiques ne pèse dangereusement sur la démocratie.
Dans les coulisses de l’histoire, un autre secret avait déjà pris racine. Des engins non humains furent récupérés, et des programmes de rétro-ingénierie furent lancés. Leur dissimulation n’était pas le fruit d’une conspiration gratuite : c’était un choix stratégique dicté par le contexte de la guerre froide.
Une logique de guerre froide
Les années 1950 et 1960 furent marquées par une peur viscérale : qu’un seul progrès technologique puisse inverser l’équilibre fragile entre États-Unis et URSS. Après Hiroshima et Nagasaki, chacun savait que la maîtrise d’une innovation radicale pouvait décider du sort du monde.
Découvrir des matériaux impossibles à produire avec la chimie connue, ou des systèmes de propulsion défiant la physique de l’époque, équivalait à détenir un atout stratégique absolu. Dans ce contexte, le secret était inévitable. Rendre publique la récupération d’engins revenait à offrir à l’adversaire des pistes de recherche inestimables. Garder le silence, c’était préserver la sécurité nationale.
Quand la nécessité se mue en inertie
Hal Puthoff, physicien ayant travaillé au cœur de ces dossiers, le rappelle : ce secret, légitime dans les années 1950, est devenu une culture du secret.
Au fil des décennies, des programmes spéciaux, financés dans l’opacité et confiés à des consortiums industriels, ont créé leur propre écosystème. L’argument initial – ne pas donner un avantage à Moscou – a fini par céder la place à une logique d’auto-préservation bureaucratique.
C’est exactement ce qu’Eisenhower avait pressenti : un système né de la nécessité, mais qui finit par exister pour lui-même, pesant sur la démocratie et sur le droit des citoyens à la vérité.
L’heure de la divulgation
Aujourd’hui, avec les auditions au Congrès et la reconnaissance officielle du phénomène UAP, nous assistons à une bascule historique.
- L’argument stratégique qui justifiait le silence a perdu de sa pertinence : l’URSS n’existe plus et l’équilibre géopolitique s’est recomposé.
 - Les citoyens, les chercheurs, les journalistes exigent une nouvelle transparence, qui reconnaisse la réalité des récupérations et ouvre la voie à un savoir partagé.
 
Ce qui fut jadis un secret de guerre peut devenir une connaissance commune, à condition de franchir le pas.
Un test pour notre civilisation
La question n’est plus de savoir s’il fallait garder le secret : il était rationnel à l’époque. La vraie question est de savoir si nous sommes capables, aujourd’hui, de transformer ce legs lourd de silence en un mouvement d’ouverture.
Le Phénomène nous place devant un choix civilisationnel :
continuer dans la logique du secret, au risque de nourrir la défiance et les fractures, ou bien assumer la vérité, partager la connaissance, et ouvrir une ère où la sécurité ne se confond plus avec le mensonge.
Ce fascicule fait partie de la série Le Phénomène - OVNIS et conscience , une exploration des récits, des traces et des implications d’un contact progressif avec l’inconnu.
Fascicules connexes : 
✦ Mission US secrète : évaluer les conséquences d’une annonce publique sur les OVNIs et la rétro-ingénierie 
Parcours de découverte du Phénomène : 
𒆖Découvrir le phénomène (livret de 4 fascicules)
𒆖 Explorer le phénomène  (livret de 12 fascicules)